
Deux ans après, où en est l’affaire des dessous des sacs de luxe français dans un terrible abattoir de Dordogne
En 2020, une vidéo montrait les dessous des magnifiques sacs à main de luxe français. Derrière le cuir utilisé par des marques comme Vuitton, Hermès, Chanel et LVMH, se trouvent des abattoirs évidemment, dont l'un avait été épinglé par l'association One Voice qui avait filmé les maltraitances et horreurs présumées qui s'y déroulées.
Les images de l'abattoir Sobeval en Dordogne étaient épouvantables. À l'époque, elles avaient fait le tour des réseaux sociaux, une pétition avait été lancée et la justice devait enquêter et donner son verdict.
Pour fabriquer leurs sacs, ces marques, parmi d'autres de l'industrie du luxe, utilisent des peaux de veaux, jugées plus fines et douces. Elles se fournissent notamment à l'abattoir Sobeval, en Dordogne, propriété du VanDrie Group, qui a déjà vu plusieurs de ses abattoirs pointés du doigt dans des vidéos dénonçant le traitement horrible réservé aux animaux. Sobeval est la plus grande entreprise française de production de cuir de luxe, spécialisée dans les peaux de veaux.
Cette vidéo, que nous reproduisons en fin d'article, a été filmée par un militant qui s'est introduit dans l'abattoir, a été interpellé par la police et a passé 36 heures en garde à vue. One Voice qui a lancé une pétition contre l'abattoir explique :
"Les jeunes bovins arrivent en camion, serrés, parfois blessés ou malades. Ils doivent encore attendre l’ouverture de l’abattoir. Au petit matin, des hommes les font entrer sur la chaîne d’abattage, sous les coups s’il le faut, assénés par certains. […] Puis, c’est le manège infernal. Ils avancent par centaines dans une file labyrinthique qui n’a que la mort comme destination. Étourdis ou non selon le type d’abattage, pris de spasmes, pendus par une patte traversée d’un crochet, tête en bas, ils semblent reprendre conscience avant que leur gorge soit tranchée. Du sang jaillit et se répand dans les rigoles et partout autour. Leur peau leur est arrachée, puis leur corps coupé en morceaux méthodiquement"
Selon l'association engagée dans la cause animale, ce sont 500 à 600 bébés veaux âgés de quelques mois qui sont tués chaque jour dans cet abattoir. Concernant l'interpellation du militant, One Voice se demande :
"Que devons-nous faire quand les autorités ne font pas respecter les faibles textes de loi qui existent pour protéger les animaux ? Nous taire ? Laisser faire ? Pendant que ceux qui maltraitent les animaux peuvent continuer sans être inquiétés, notre enquêteur, lui, passe trente-six heures en garde à vue. Le jour où la loi sera respectée, où les cruautés seront sanctionnées, il n’y aura plus besoin des lanceurs d’alerte. Mais ce jour-là, nous en sommes encore bien loin…".
Deux ans après, où en sommes-nous donc ? L'association L214 avait porté plainte contre l'abattoir pour mauvais traitement et pour des manquements lors de l'abattage des animaux. Leur première plainte avait été classée sans suite car le parquet a estimé que l'établissement s'est mis en conformité.
Sauf que une nouvelle vidéo publiée en 2021 laissait de gros doutes quant à cette supposée mise en conformité. Une deuxième plainte a été déposée et le procés s'est déroulé le 4 mars 2022 comme l'indique France Bleu. La Procureure de la République de Périgueux y avait demandé la relaxe car elle pensait que "cette salle d'audience n'est pas le bon lieu pour le combat".
Et bien à la stupeur générale des personnes qui continuent de croire en la justice pour les animaux et à la fin de l'inaction politique et juridique contre la maltraitance, le tribunal de Périgueux a relaxé l'abattoir en indiquant que l'action de l'association était déclarée irrecevable.
Consommer, c'est faire un choix et pour faire le meilleur choix, il est important de connaître le produit, d'où il vient, ce qu'il implique. Ce n'est pas une question de montrer gratuitement des images choquantes mais de montrer ce qui se passe réellement dans cet abattoir, libre à chacun de changer ou non ses habitudes ensuite. Mais pour nous la connaissance et l'information sont fondamentales.